Maison Hospitalière et pôle de coordination des CPDS du CHAR
Hébergement non médicalisé pour habitants des zones isolées, coordination des centre de santé de Guyane
Calendrier : 2019 – …
Lieu : Centre Hospitalier Andrée Rosemon – Cayenne
Statut : Chantier en cours
Surface : 1 500 m²
Coût des travaux : 3 150 000 €
Equipe de maîtrise d’oeuvre : Gaïa Architecture (architecte mandataire) / Mairea (architecte co-traitant) / IET (BET Structure) / ATTA (BET Fluides) / MDE Conseil (BET HQE) / GTI (BET VRD) / Détails (Paysagiste)
Maître d’ouvrage : Centre Hospitalier de Cayenne Andrée Rosemon (CHAR)
Usagers : Patients des communes isolées et personnel des Centre Délocalisés de Prévention et de Santé (CDPS)
La construction de la maison hospitalière et du pôle de coordination et logistique des CDPS est une nouvelle étape importante pour le Centre Hospitalier André Rosemon. C’est un projet très attendu pour la Guyane qui permettra au centre hospitalier de Cayenne de répondre aux besoins croissants du territoire en offrant de nouveaux services aux habitants de communes isolées. Aussi, la construction d’un nouveau pôle de coordination et de logistique des Centres Délocalisés de Prévention et de Santé et d’une Maison Hospitalière permettra d’étoffer son efficacité tout en offrant des conditions de travail optimales à ses usagers.
Sous cette double vocation, nous avons orienté la conception du projet sur des thèmes qui nous paraissent fondamentaux et conditionnent la réussite d’un ensemble bâti attractif et harmonieux.
Nous avons suivi un processus rigoureux et dynamique de conception pour questionner et répondre de manière optimale aux enjeux fonctionnels du programme et aux besoins explicités à savoir :
- Créer un ensemble bâti cohérent et harmonieux favorisant une parfaite appropriation des lieux par les usagers et les résidents de la maison hospitalière et des employés du pôle de coordination des CDPS.
- Créer un environnement sain, confortable et efficient où l’ensemble des activités de chaque unité (MH & CDPS) pourront se réaliser dans une ambiance propice au bien-être et au sentiment de sécurité.
- Réaliser un projet qui intègre l’ensemble des démarches environnementales liées au référentiel QEA (Qualité Environnementale Amazonienne) en améliorant les règles de confort et de santé tout en assurant une sobriété énergétique et intégrer l’emploi de matériaux locaux pour réduire l’empreinte carbone du bâtiment.
L’implantation du projet répond à 3 objectifs, qui sont des réponses aux enjeux du site et du CHAR en général :
- Faire un projet dense et économe en terrain utilisé, tout en conservant une échelle humaine adaptée au public accueilli
- Construire avec le climat : S’exposer aux vents dominants tout en se protégeant des intempéries et des apports solaires
- S’intégrer finement dans un site déjà très construit, et fonctionner en adéquation avec les flux existants bien établis (piétons, logistique, véhicules légers)
- Valoriser l’utilisation de matériaux locaux (bois, brique terre crue.) pour un chantier plus vertueux
Le projet développe donc un axe fort, structurant son dessin : L’axe d’arrivée depuis l’accueil général du CHAR, le long duquel se répartissent les arbres remarquables existants, à conserver. Cette ligne forte sépare l’emprise du projet en deux zones fonctionnelles :
- Une zone Ouest dédiée à la logistique et à la coordination, en liaison directe avec la cour logistique existante du Pôle Femme-Enfant et avec le parking
- Une zone Est dédiée à la Maison Hospitalière, au calme et à l’écart des flux
Un autre axe structurant se dessine : La liaison entre la voie des services techniques et le parking actuel est conservé, et dans son prolongement une voie dessert le parvis d’entrée et les places de stationnement dédiées au projet, avant de rejoindre la voie bordant le terrain au sud. Cet axe délimite une zone au nord qui sera dévolue au projet et une emprise libre au sud, support potentiel d’autres projets. Nous proposons par exemple d’y réaliser 25 places de stationnement supplémentaires (qui se font rares dans l’enceinte du CHAR), en adéquation avec le projet. Les flux entre véhicules de livraison, véhicules légers et piétons sont séparés de manière claire, préservant la sécurité des usagers et des mobilités douces.
Un talus existant, relativement important, longe notre axe structurant. Les deux zones CDPS et MH correspondent donc également à deux parties, haute et basse, du terrain : Le bâtiment épouse le terrain en offrant ses espaces de stockage volumineux en partie basse et en en partie haute les espaces communs de la maison hospitalière, à échelle humaine.
Dans l’axe, le volume d’accueil, toute hauteur, fait l’articulation du projet entre rez-de-chaussée, rez-de-jardin et R+1. Il concentre toutes les entrées, répartit les usagers. Généreusement planté au sol comme sur le mur végétal du fond, il est un lieu accueillant pour les nouveaux venus comme pour les habitués. Cet accueil présente au visiteurs un pignon singulier qui fait signal et articule deux bâtiments :
- Le pôle de coordination des CDPS avec en rez-de-chaussée les espaces logistiques et le secrétariat, en R+1 les bureaux, salle de réunion et détente. Un escalier de service permet au personnel d’accéder rapidement à tous les locaux.
- La Maison Hospitalière, avec en rez-de-jardin les espaces communs (cuisine, repas, convivialité, etc…), culturels (médiation, atelier) et en R+1 les espaces de repos et leurs sanitaires communs.
Si le pôle de coordination des CDPS est, du fait de sa fonction, d’une volumétrie simple et efficace, la Maison Hospitalière s’organise autour d’un cœur vert, l’écrin protégé du potager pédagogique. Elle articule ses espaces généreusement ouverts le long de coursives abritées. Pour laisser l’air et les vues circuler, une faille traverse le patio, et les deux bâtiments en « L » qui l’entourent revisitent la figure traditionnelle de la maison, avec de grands toits à deux pans. Sous ces grandes toitures, les espaces de repos offrent des volumes qui rappellent ceux des constructions traditionnelles. Deux fonctions pour un projet qui sont ici clairement identifiées mais fortement liées. Dans un site à l’architecture disparate, le projet réécrit les formes qui l’entourent.
Le projet se construit également avec le climat guyanais :
- A l’est, les espaces ventilés de la Maison Hospitalière, exposés aux vents dominants. En façade, entre les portiques bois de la charpente, des résilles mixtes en lames bois et aluminium protègent des intempéries et des apports solaires, tout en permettant une ventilation efficace, tout en préservant des vues extérieures. Si la structure porteuse est en béton armé, les remplissages de façade et la charpente sont en matériaux bio-sourcés (brique et bois locaux) permettront de réaliser un chantier avec des délais réduits (préfabrication, pas d’enduit ni peinture sur brique…)
- A l’ouest, les espaces climatisés du pôle de coordination des CDPS, situés sous le vent. Les façades sont protégées par des brises soleil horizontaux qui filent sur toute leur longueur. Les vitrages sur les espaces de travail sont généreux, la lumière naturelle abondante.
Déjà prégnant par la présence de grands arbres remarquables en arrivant, le paysage s’invite entre les bâtiments, ou bien l’inverse. Dès le hall, les parterres développent leurs plantes basses, des palmiers pinot s’érigent dans la faille. Le potager pédagogique, fait de jardinières et mini-parcelles de culture, sera l’objet de toutes les attentions en cœur de projet. Puis une petite palmeraie dont les fruits alimenteront les repas, se développe jusqu’à l’espace entre les bâtiments et le mur d’enceinte du CHAR qui, loin d’être un délaissé, abrite des parcelles de culture comme le bananier, le giraumon ou le couzou, faisant de ce mur un support. Le jardin des grandes feuilles se fait l’interface entre le pôle de coordination des CDPS et l’enceinte, offrant un espace paysager de qualité, ressourçant.